Le fleuve Niger, détail, carte au crayon et à l'aquarelle, Martine Delavallée & Chantal Wallon, 2015
Avec la ville de Gao, le voyage touche à sa fin.
Située tout à l’Est du Mali, Gao reste aujourd’hui encore l’une de ces quelques villes du désert qui, comme Kidal surtout, ou comme Tombouctou, font, depuis 2012, partie des zones géographiques de guerre ou de rebellion.
A Gao se rencontrent les eaux du Niger et les sables du Sahara.
La dune rose en est le paysage emblématique, dont le sable très fin apparaît comme une plage insolite aux portes du désert.
A 1 222 km de Bamako, à 600 km de Mopti, à 584 km de la frontière algérienne au Nord, en plein Sahara, et à 443 km de Niamey, au Niger, Gao est ville symbole de la sécheresse du désert et des tempêtes de sable.
Ici, à Gao, le Sahara avance inexorablement.
Pendant les terribles années 70 et 80, la sécheresse chronique a décimé le bétail, détérioré l’agriculture, tué ou exilé des hommes.
Aujourd’hui l’agriculture a reconquis des terres sur les bords du Niger, en particulier pour le riz et le sorgho, mais la région doit importer encore environ 65% des produits céréaliers dont elle a besoin.
L'harmattan, vent originaire du Sahara, souffle de décembre à mars sur toute l’Afrique de l’Ouest jusqu’au Golfe de Guinée.
Au Mali, la région de Gao est la première sur le chemin de ce vent terrible. Il charrie avec lui de fines particules de sable, susceptibles de former d'épaisses brumes de poussière surchauffée… Quand il souffle, l'évaporation est considérable.
Le Grand Vent, qui a soufflé en 1973 à Gao, faisant des ravages épouvantables, est resté dans la mémoire locale, comme un traumatisme : violence de ce vent de sable, faisant tomber la nuit en plein jour, prenant de court les enfants-bergers chargés des troupeaux, arrachant les cases et les arbres, asséchant les marigots, faisant voler au loin, comme des bolides, les objets domestiques, terrorisant les familles…(d’après Bagoundié Blues, petites lumières sur la boucle du Niger, de Mohomodou Houssouba, chapitre Le grand vent du Barbando)
Non seulement le vent assèche les terres, mais il engendre pour les populations des troubles de santé : il affecte la peau, l’appareil respiratoire, il provoque des méningites et il peut être aussi à l’origine de troubles divers, comme l'agitation, la nervosité ou la dépression.
Ces enfants, photographiés il y a près de vingt ans, sont les adultes d'aujourd'hui. Avec quelle vie, et quel avenir ?
Pour clore enfin notre voyage et face à cette interrogation, nous emprunterons à nouveau à Erik Orsenna, les premiers mots de son dernier roman malien:
" Tu ne seras jamais déçu par l'espérance." Mali Ô Mali, 2014
L' exposition "Mali-Niger, au fil du fleuve", que nous avions présentée à La Garenne-Colombes il y a tout juste un an, est bien rangée dans un grenier...Elle pourrait servir à d'autres, qui aimeraient faire découvrir ce beau voyage. Sachez-le !
Retrouvez sur ce blog nos étapes de voyage dans les articles en date des 21 mars, 28 mars, 6 avril, 18 avril, 3 mai, 31 mai, 4 juillet et 10 septembre 2016.
Prochain article, nos projets pour 2016-2017.