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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 15:07

Depuis le début la grande crise sanitaire COVID-19 qui traverse le monde entier, avec aujourd’hui environ 3,5 milliards de gens, soit près de la moitié de la population mondiale, confinés dans plus de 80 pays, nous voyons bien que l’humanité vit une situation radicalement neuve, radicalement autre, et à laquelle tour à tour chaque pays doit faire face coûte que coûte, et le devra durant tout le temps nécessaire.

Devant ce gigantesque fléau, nous sommes, pour reprendre le titre d’une très belle série de photomontages de l’artiste provençale Maïlo-Vareilles, « Tous pareils, tous inégaux ».

Tous pareils, parce que tous hommes et femmes, tous sidérés, tous vulnérables, tous inquiets, tous à prendre conscience de la fragilité de notre monde.

Tous inégaux, parce que partout, il y a ceux qui sont du bon côté de la ligne et ceux qui ne le sont pas, partout ceux qui luttent contre la maladie et ceux qui sont impuissants à les y aider, partout ceux qui pourront, souhaitons-le, bénéficier de la richesse, de l’organisation de leur société et de ses capacités à tout mettre en œuvre afin d’endiguer le drame et ceux qui en seront les déshérités.

Alors nous sommes inquiets pour le Mali

Hôpital National du Point G, sur l'une des deux collines de Bamako qui dominent la ville

Hôpital National du Point G, sur l'une des deux collines de Bamako qui dominent la ville

En ce début d’avril 2020, L’Afrique reste encore le continent le moins touché par la pandémie mondiale de Covid-19. Pourtant il est à craindre que ce sera probablement le continent où, une fois l’épidémie déclarée, les conséquences seront les pires. Espérons que l’avenir nous contredira.

Le 18 mars dernier, l’ensemble des 54 pays d’Afrique comptait 576 cas déclarés de Covid-19.

Les premiers malades signalés en Afrique de l’Ouest en mars l’ont été au Niger, au Burkina Faso, qui a connu le premier décès de la zone le 24 mars, au Sénégal, le pays de plus touché, en Côte d’Ivoire, au Ghana...Le Mali a été le dernier pays d'Afrique de l'Ouest à signaler voici un peu plus de quinze jours deux malades testés positifs.

Ce lundi 6 avril, le Mali recense 47 cas confirmés de coronavirus, dont un enfant de 5 ans. Cinq personnes sont décédées, dont deux à Kayes, la première région administrative du pays, frontalière du Sénégal et plus de 570 personnes-contacts repérées.

Dès le 16 mars, les pays africains ont multiplié des mesures de précaution bien plus précocement qu’en Europe par rapport au développement de la maladie. Les réflexes ont vite été réactivés, dans le souvenir récent de l’épidémie à virus Ebola, combattue de 2013 à 2015. Très vite plusieurs pays ont fermé leurs frontières, ou déclaré l’état d’urgence. D’autres dispositions moins drastiques étaient prises aussi : fermeture des écoles, interdiction des rassemblements, pédagogie des gestes barrière.

« Contraintes par la fragilité de leur système sanitaire, toutes les autorités africaines ont déployé une énergie importante à empêcher au maximum les contaminations locales ». Le Monde Afrique

Sensibilisation et prise de conscience

Les pays africains ont vécu des crises épidémiques plus récemment que nous. Les populations, qui ont une très grande et remarquable capacité de résilience, peuvent avoir confiance en leur capacité à s’en sortir. Elles ont peut-être aussi des savoir-faire qui nous échappent.

Mais comme l’explique le professeur Etienne Decroly, virologue à Marseille «Il s’agit aujourd’hui d’un virus contagieux, agressif et totalement nouveau » Citation de l’hebdomadaire Le 1, du 25 mars

Ce virus d’aujourd’hui n’a rien à voir avec le virus Ebola par exemple, et la guerre à mener n’est pas du tout la même.

Au Mali, pour un certain nombre de raisons, les risques majeurs que fait courir cette pandémie peuvent ne pas être encore perçus à leur véritable échelle. Des articles de presse, récemment encore, décrivaient la vie à Bamako dans certains endroits comme si de rien n’était ; et plusieurs commentaires libres, d’articles publiés sur le web malien, étaient plus que déconcertants, car soit par incrédulité, Je n’y crois pas à ce virus, soit par mode de croyance, Laissons faire la volonté de Dieu, une partie de la population risque de ne pas être protégée.

Le professeur Ousmane Faye, de l’Institut Pasteur de Dakar, département de virologie explique que c’est la sensibilisation qui sera la clé de cette lutte contre le virus. « Il y a une prise de conscience, mais comme en toute chose, il y a toujours des récalcitrants. » On peut penser que les chefs de communautés, en ville, et les chefs de villages, en brousse, devront être les premiers relais pour cette sensibilisation.

Confinement

Au Mali, comme dans tous ces pays où le quotidien est précaire, et où la vie de la majorité des gens se passe dehors, en ville tout autant qu’en zone rurale, comment faire appliquer des règles de confinement ? Que peut-on imposer à des populations qui vivent au jour le jour grâce à l’économie informelle et aux petits boulots, et qui sont, dans la rue, avec des déplacements à pied et des échanges de la main à la main, à la recherche d’un gain qui apporte tout juste de quoi se nourrir le soir ou le lendemain ? Comment par ailleurs acheter à l’avance de la nourriture quand on n’a ni réfrigérateur ni congélateur ? Comment imposer des règles de distanciation physique dans des modes de vie si communautaires ?

Seuls probablement peuvent et pourront se confiner et s’isoler ceux qui en ont et en auront les moyens.

Rue à Bamako

Rue à Bamako

La population de Bamako est d’environ 2, 6 millions  d’habitants, sans compter l’afflux des déplacés, chassés depuis des mois des régions Nord et Centre par les conflits internes, et qui vivent dans deux camps à proximité de la ville.

Par ailleurs au Mali, des régions entières sont inaccessibles aux services de l’Etat en raison des violences djihadistes et des conflits intercommunautaires qui ensanglantent le pays depuis 2012.

Face au coronavirus, « nos systèmes de santé ne sont pas prêts », a reconnu le ministre de la santé, Michel Hamala Sidibé,

Michel Hamala Sidibé, ancien patron de l’ONUSIDA. En poste depuis mai 2019.

Michel Hamala Sidibé, ancien patron de l’ONUSIDA. En poste depuis mai 2019.

Très prochain article, Inquiétudes pour le Mali (2), des voix pour la solidarité

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